• Séries

     
         On peut, paraît-il, saisir les  méandres de la pensée humaine uniquement en observant les expressions, les tics de langage, la gestuelle de quelqu'un. En contemplant le cliché de cet homme à la pipe, que perçoit-on? Qu'on ne s'appelle pas Patrick Jane. Que s'il est confortablement assis, c'est néanmoins une ambiance studieuse qui est recherchée, que la main droite, douce, tient le crayon lâchement alors que la gauche imprime une poigne dans la tenue de la pipe. Le rictus d'une bouche naturellement rieuse contraste avec un oeil inquiet, et si ses vêtements et sa coiffure traduisent une élégance affichée, l'allure générale de cet homme à la pipe est plutôt une certaine jovialité. Un personnage très nuancé, sans doute, mais on serait bien incapable de dire qui il est comme ce qu'il fait (ne regardez pas la tablette).

    Tout ce préambule je le conçois très fastidieux pour vous dans le seul but de vous démontrer qu'il est bien rare qu'on connaisse le faciès d'un réalisateur, aussi immense soit-il. Celui-ci a réalisé entre autres l'aventure de Mme Muir, Chaînes conjugales, Eve, on murmure dans la vile, l'affaire Cicéron, la comtesse aux pieds nus, Soudain l'été dernier et Cléopâtre. Egalement scénariste et producteur, Joseph L(eo) Mankiewicz mit en scène des oeuvres très différentes les unes des autres mais n'oubliant jamais la dimension humaine de ses personnages, il fit d'elles ce qui distingue le verre clinquant d'un diamant brut, non pas l'éclat de l'instant, mais sa durée...


          Honey pot

          Aucun des films précités ne sera évoqué ce soir,  j'hésitais entre deux autres et Guêpier pour trois abeilles a finalement remporté les votes à une voix contre rien. Je ne mentionnerai pas le nom du perdant par égard pour lui (d'autant qu'il sera prochainement traité), mais plutôt déjà m'attarder sur ce film sorti en salles en 1967 avec à l'affiche Rex Harrison, Maggie Smith, Cliff Robertson, Susan Hayward et  Capucine. Prestigieuse distribution pour cette comédie policière dont l'intrigue se déroule dans une Venise aussi crépusculaire que théâtrale. 

         Le fortuné Cecil Fox, suite à une représentation à la Fenice de la pièce Volpone dont il était l'unique spectateur, engage le lendemain un complice pour mettre en scène une farce dans laquelle deux de ses ex-maîtresses et une ex-épouse seront les dindons. William McFly, aux desseins nébuleux, accepte cet emploi insolite et commence à organiser le canular sous la direction de Fox. Les trois femmes sont donc invitées à Venise, au chevet d'un Cecil Fox à l'agonie. Lorgnant toutes sur l'héritage du mourant, la farce  commence...


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     without a clue


        Alors qu'un Sherlock Holmes dépoussiéré  par Guy Ritchie est sorti en salles en février dernier, il me vient l'envie de parler d'un autre Sherlock Holmes, ou plutôt d'un pastiche cinématographique. En 1988, Sous la direction de Thom Eberhardt (dont les seuls faits d'armes sont d'avoir scénarisé Chérie, j'ai gonflé le bébé et réalisé the night before, une bluette dont l'atout majeur est l'inexpressif Keanu Reeves), deux monstres du cinéma, [révérence] Sir Michael Caine et Sir Ben Kingsley [fin de la génuflexion], allaient s'affronter joyeusement dans cette comédie à l'atmosphère très victorienne. 


    without a clue       



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     A moitié allongée dans un élégant canapé, la chevelure semblable à celles de Mucha, une Jane Fonda diaphane, sublime de grâce et de raffinement, fixe l'objectif d'un regard à la fois intense et évasif. Ce visage, sans doute le plus beau du monde à cet instant, me permet d'évoquer bien autre chose que cette robe en tissu écossais, cette main délicate ou ce poignet cerné d'ors, ces vêtements et parures avaient de toute façon peu de chance de figurer dans la garde robe de Klute, le film qui nous intéresse aujourd'hui. En effet, dans celui-ci elle y interprète une call-girl qui, très professionnellement et logiquement, porte la mini-jupe plutôt que la longue robe cintrée et dont la coiffure, non sans être originale, est très éloignée de cette chevelure aux arabesques laquées.

     
    Séries
       John Klute, un détective privé secret et flegmatique, est engagé par l'épouse et l'associé de son ami Tom Gruneman pour le retrouver après 6 mois de disparition. La seule piste fournie par la police sont des lettres obscènes que le disparu aurait adressées à Bree Daniels, une call girl New yorkaise. Klute quitte donc la Pennsylvanie pour Big Apple, s'installe dans le même immeuble que la prostituée et la branche sur table d'écoute...

       
        Alan J(ay) Pakula inventa une nouvelle façon de filmer le polar avec Klute. Il utilisa les silences, les plans lents et avec Gordon Willis à la photographie, il sut avec ce film très peu conventionnel imprimer un climat à la fois envoûtant et oppressant. 

     Jane Fonda en Belle de nuit paumée est magnétique, tout comme Donald Sutherland qui, dans le rôle d'un détective privé mystérieux à l'empathie silencieuse, campe un personnage captivant lui aussi très certainement perdu.


    jane fonda klute








    Photographies du film et autres : http://bl0w-up.blogspot.com/

    Fiche technique :

    • Titre : Klute
    • Réalisation : Alan J. Pakula
    • Scénario : Andy Lewis et Dave Lewis
    • Production : Alan J. Pakula, C. Kenneth Deland et David Lange
    • Musique : Michael Small
    • Photographie : Gordon Willis
    • Montage : Carl Lerner
    • Costumes : Ann Roth
    • Pays d'origine : États-Unis
    • Format : Couleurs - Mono
    • Genre : Thriller
    • Durée : 114 minutes
    • Date de sortie : 1971

    Distribution

    • Jane Fonda : Bree Daniels
    • Donald Sutherland : John Klute
    • Charles Cioffi : Peter Cable
    • Roy Scheider : Frank Ligourin
    • Dorothy Tristan : Arlyn Page
    • Rita Gam : Trina
    • Nathan George : Trask
    • Vivian Nathan : Psychiatre
    • Morris Strassberg : Mr. Goldfarb
    • Barry Snider : Berger
    • Betty Murray : Holly Gruneman
    • Jane White : Janie Dale
    • Shirley Stoler : Momma Rose
    • Robert Milli : Tom Gruneman


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  • Ciné club  Placardée sur les écrans comme le symbole de la beauté  éternelle , une photo d'Alain Delon de 1966 à peine retouchée (jeu des "une erreur", un mégot a disparu) vante les effluves intemporels d'un parfum. N'ayant pas la moindre envie de faire l'apologie d'une eau de toilette aussi fauvesque soit-elle, j'effectue sans filet un bond de deux ans en arrière et plonge dans l'oeuvre toute aussi sauvage de René Clément, Les félins. Quatre ans après Plein soleil  il met en scène son acteur fétiche dans un film policier à l'opposé du précédent. 


     


     
      Marc, un play-boy qui a eu la malchance de séduire l'épouse d'un gangster américain, réussit à échapper à ses hommes de main et se réfugie à Monaco. Sans un sou, hébergé par l'église, il est embauché comme chauffeur par Barbara, une riche veuve qui vit en recluse avec sa jeune cousine Melinda dans une somptueuse propriété. Mais une veuve qui parle à un miroir et qui un matin dissimule un hématome derrière des lunettes est-elle folle ou cache-t-elle autre chose qu'une ecchymose...


      Opposé à Plein soleilLes félins l'est sur bien des points. Un noir et blanc magnifique et absolument maîtrisé remplace l'eastmancolor  utilisé pour Plein soleil, le huis-clos dans une demeure toujours filmée en ombres s'est substitué aux paysages portuaires italiens, et c'est un individu qui ne maîtrise plus son destin qu'interprète Alain Delon cette fois-ci. Insolent de facilité dans son rôle de playboy aux abois, superbement filmé, il subit le charme vénéneux de Lola Albright en veuve énigmatique alors qu'en "chaton" qui commence à faire ses griffes une jeune actrice américaine du nom de Jane Fonda rayonne déjà . Les félins  est un très beau polar français ... à l'américaine. Car la mise en scène nerveuse et inventive du réalisateur, le scénario, les personnages, une partie de sa distribution, tout jusque dans la langue originale est américain. Il en résulte une mécanique parfaite, un exercice de style brillant auquel on pourrait reprocher une certaine superficialité des personnages. Mais acculés aux faux semblants (et) ou à la fuite, il ne pouvait en être autrement, ce sont des félins aux aguets.










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    Ciné club

    Un peu de tout En listant sur Deezer les albums d'Ennio   Morricone on peut découvrir la bande originale d'un film, Il gatto ("Qui a tué le chat" en français). Si l'on est curieux on écoute quelques titres et on s'aperçoit de deux choses, du talent unique de Morricone dont la musique brasse avec un égal bonheur la mélodie saccadée, l'easy-listening et  le concerto, et du genre du film : la comédie policière. Si l'on est insistant (et il faut dire un peu obsédé par la comédie italienne) on se renseigne davantage et cette oeuvre produite par Sergio Leone, réalisée par Luigi Comencini a de quoi séduire. Interprétée entre autres par Ugo Tognazzi, Dalila Di Lazzaro et Michel Galabru, elle offre également un autre petit joyau, un scénario délirant dont voici l'ébauche :

    Amedeo et Ofelia, frère et soeur cupides et frustrés, qui se haïssent cordialement et s'injurient à la moindre occasion, sont les propriétaires d'un immeuble romain aux loyers bloqués. Un promoteur leur ayant promis une fortune pour raser le bâtiment, ils attendent, impuissants, le départ des derniers locataires. l' "assassinat" du chat leur offrira le prétexte à une enquête pseudo-policière aux multiples rebondissements. N'hésitant pas à espionner mesquinement leurs résidents, Amedeo et Ofelia découvriront bien vite que ceux-ci cachent certaines de leurs activités...


    Seule la comédie italienne sait rendre ses personnages les plus vils, les plus grotesques malgré tout attachants. Et les deux héros que sont Amedeo et Ofelia n'échappent heureusement pas à cette règle. Ugo Tognazzi et Mariangela Melato, impériaux (l'épithète a été pesée sur une balance très fine), nous emmènent dans leur enquête truculente. Sur la partition de Morricone Luigi Comencini déroule son intrigue et permet à cette savoureuse "comédie de terrasses" de laisser une empreinte joyeuse et durable.

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